Institutions culturelles contre mesures sanitaire

Bruxelles 07.12.2021 Plusieurs directeurs de salles et d’institutions culturelles s’insurgent contre une décision qui «ne respecte en rien la réalité» et appellent les décideurs politiques à revoir leur copie, prônant une approche au cas par cas.

«C’est inacceptable» le directeur du Théâtre de La Monnaie, à Bruxelles, ne mâche pas ses mots. Il dénonce les nouvelles mesures contre le Covid-19 qui doivent s’appliquer en Belgique à partir de lundi, le 6 décembre, comme «totalement injustes» et indique au média De Standaart n’être pas convaincu que le secteur culturel soit obligé de fermer ses portes. «Même s’il n’y a pas d’infections dans le secteur culturel, nous sommes les premiers à être sanctionnés, alors que pour la restauration, rien ne change».

Même sentiment d’incompréhension chez Daniel Weissmann, directeur général de l’Orchestre philharmonique de Liège : «Tout cela en laissant l’Horeca [hôtellerie, restauration, cafés] ouvert, on ne comprend plus». En effet, les restaurants et cafés sont autorisés à rester ouverts jusqu’à 23 heures, alors qu’une jauge très restreinte s’applique à tous les lieux de culture et de loisir recevant du public : pas plus de 200 personnes, avec masque et «Covid Safe Ticket», l’équivalent du passe sanitaire français.

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Et à ce sujet, le directeur de la grande maison bruxelloise est très clair : «Nous avons testé la qualité de l’air pendant notre opéra, que nous avons joué devant des salles combles le mois dernier. Les compteurs ne sont jamais allés au-dessus de 800 ppm, alors que nous pouvons aller jusqu’à 1200 ppm. » Cette mesure de la quantité de CO2 permet d’évaluer le renouvellement de l’air. À titre de comparaison, France Info signalait qu’aux heures de pointes dans le métro, les valeurs étaient « systématiquement » supérieures à 1000 ppm et atteignaient même jusqu’à 1500 ppm ; la même source précise que dans une salle de cinéma, il n’est pas rare, là aussi, d’observer une valeur supérieure à 1000 ppm. En somme, des valeurs strictement inférieures à 800 ppm constituent plutôt un bon score. Sur ce point, De Caluwe conclut : « L’air dans notre bâtiment est plus pur que celui des rues de Bruxelles où le marché de Noël est encore autorisé. » Et la tribune collective de résumer : « L’utilisation obligatoire de masques, le contrôle du CST et, surtout, une bonne qualité d’air, garantissent une sécurité absolue dans nos salles».

Une nouvelle tribune cosignée par Peter de Caluwe, Sophie Lauwers (Directrice générale de Bozar), Hans Waege (Intendant de l’Orchestre national de Belgique), Pierre Thys (Directeur général et artistique du Théâtre national Wallonie-Bruxelles) et Michael De Cock (Directeur artistique du Koninklijke Vlaamse Schouwburg) réclame une « justification détaillée » de ces choix, « justification [qui] doit être formulée par rapport aux connaissances, à la recherche et aux preuves empiriques. » Les acteurs du monde de la culture accusent une « décision politique qui ne respecte en rien la réalité » ; car même en comprenant « la gravité de la situation », ils ont « le sentiment d’être sacrifiés pour permettre à d’autres secteurs de rester ouverts. ».