Pierre-Emmanuel Thomann OPINION AUKUS: alliance Anglo-saxonne contre la Chine, et la Russie en excluant la France et l’UE. La France mais aussi l’Union européenne été écartées par l’alliance des trois Etats anglo-saxons, les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni dans le cadre de la stratégie indopacifique.
(Image: L’arc de triomphe de l’Étoile, Paris).
Cette alliance des trois pays anglo-saxons dans l’Indo-Pacifique est exclusive, car elle découle de l’objectif des Anglo-Saxons de ralentir l’émergence du monde multipolaire à l’échelle mondiale, notamment contre la Chine mais aussi contre la Russie. Même si la zone indopacifique devient prioritaire pour les Etats-Unis, le théâtre européen reste d’actualité. La stratégie globale des Anglo-Saxons consiste aussi à empêcher l’éventuelle émergence d’un bloc Ouest-européen autour de la France et l’Allemagne, avec à terme une entente avec la Russie, voire la Chine par voie continentale. Les Etats-Unis ne peuvent pas enrôler la Russie contre la Chine, car non seulement la Russie n’a pas intérêt à une fracture géopolitique en Eurasie avec la Chine, mais si la Russie n’est plus un adversaire, il n’y aurait plus d’obstacle à une entente d’envergure pan-européenne, avec pour conséquence une obsolescence de l’alliance atlantique et du rôle de chef de file des Etats-Unis en Europe.
L’AUKUS ne constitue donc qu’une escalade supplémentaire dans le cadre d’une grande stratégie des Etats-Unis vis à vis de l’Eurasie, avec pour objectif d’empêcher une puissance rivale de contrôler les zones côtières de ce continent (et mettre en danger sa suprématie). Elle trouve sa source dans la doctrine géopolitique de Spykman (endiguement de l’URSS dans les années 1950) reconduite jusqu’à aujourd’hui. La désignation de la Chine et la Russie comme adversaires des Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump, priorité poursuivie par Joe Biden, en découle.
La mise à l’écart de la France et de l’Union européenne n’est évidemment pas fortuite, car la France a été en pointe pour la promotion d’une autonomie stratégique européenne, mais aussi pour une nouvelle architecture européenne de sécurité avec la Russie. Un avertissement est envoyé à l’Allemagne par le même occasion car elle souhaite préserver ses liens commerciaux avec la Chine et ses approvisionnements énergétiques avec la Russie.
