Le candidat à l’élection présidentielle Xavier Bertrand remet en cause la place de la France dans le commandement intégré de l’OTAN et plaide pour un dialogue renouvelé avec la Russie.
Xavier Bertrand, ex-LR et candidat à l’élection présidentielle, a appelé dimanche 19 septembre à «un sommet extraordinaire de l’Otan» après la rupture d’un mégacontrat de sous-marins français par l’Australie, et évoqué un retrait de la France du commandement de l’alliance.
La crise diplomatique entre la France, les États-Unis et l’Australie est montée d’un cran ce week-end et s’invité désormais dans le débat politique national.
Tandis que le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a prévenu que l’annulation du « contrat du siècle » pourrait avoir des conséquences sur le fonctionnement de l’Otan, le candidat à l’élection présidentielle Xavier Bertrand a demandé à Emmanuel Macron de « s’expliquer » au sujet de cette crise, plaidant pour l’organisation d’un « sommet extraordinaire » de l’Otan, dimanche au Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro.
Après divers ajustements de change et surcoûts depuis cinq ans, ce marché était passé à plus de 50 milliards d’euros. Il avait été remporté de haute lutte contre le concurrent allemand TKMS. Ces navires sont une version à propulsion diesel-électrique du dernier modèle de sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), français de la série Barracuda, dont le premier exemplaire, le Suffren, doit être admis au service actif d’ici quelques mois.
Il sera suivi de cinq autres bâtiments. Le contrat australien avait représenté en 2016 un indéniable exploit pour les armes françaises, et un succès majeur pour François Hollande et son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Il avait néanmoins été marqué avant et après sa signature par une intense bataille de lobbys, dont les arguments portaient notamment – entre autres – sur l’incapacité des Français à garder un secret.
Le président américain Joe Biden a donné tout l’éclat nécessaire au changement de pied des Australiens. Il a annoncé dans une déclaration officielle que ces derniers avaient choisi de se doter d’une flotte de sous-marins nucléaires d’attaque de conception américaine, sans en préciser le modèle. On peut conjecturer qu’il s’agirait de SNA de la classe Virginia dont une vingtaine d’exemplaires sont en service et qui doivent être à terme suivis par autant d’autres. Durant son intervention, Joe Biden était en compagnie par écrans interposés du Premier ministre australien Scott Morrison et de son homologue britannique Boris Johnson. L’accord entre Washington et Canberra est en effet accompagné par Londres, qui produit ses propres SNA de la classe Astute.
La question de la propulsion des sous-marins est centrale dans cette affaire. Les Français se seraient trouvés en mesure de fournir à la marine australienne des sous-marins nucléaires si elle l’avait demandé, mais ce ne fut pas le cas, l’Australie étant jusqu’à aujourd’hui hostile à ce mode de propulsion, jusqu’à interdire dans ses ports les navires en faisant usage. Les choses ont changé, notamment avec la très forte montée en puissance de la marine chinoise. La propulsion nucléaire offre une autonomie techniquement illimitée, restreinte seulement par les capacités de résistance des équipages. Les Américains n’avaient jamais partagé cette technologie avec quiconque, sauf avec les Britanniques après un accord conclu en 1958.