Dr Pierre-Emmanuel Thomann, géopolitologue Alors que la victoire militaire contre l’Etat islamique en Syrie vient d’être annoncée par les gouvernements européens et américains après la chute de son dernier territoire en Syrie, on oublie que cette guerre comprend une autre dimension géopolitique bien plus importante. Cette guerre est avant tout un conflit global entre l’islam radical et politique et le modèle de civilisation occidental, tous deux caractérisés par différent variantes. Ce conflit perdure car l’idéologie à la racine de l’Etat islamique est encore vivace et sévit déjà sur d’autre territoires, comme, en Libye, au Sahel, en Afghanistan mais aussi en Europe.
Ce confit global mélange ainsi des éléments de guerre classique, comme la guerre contre l’Etat Islamique, mais aussi la guerre des idéologies sur les territoires mettant en scène des représentations rivales, l’islam radical et politique contre l' »Occident » pour le contrôle des populations, au Moyen Orient mais aussi en Europe. On pourrait ainsi qualifier cette guerre de conflit de civilisation entre l’Islam politique et radical et la civilisation européenne dans ses composantes organiques et culturelle. L’enjeu est la conquête du territoire et des populations qui y vivent et les deux idéologies s’entrechoquent sur différents théâtres, les territoires nationaux, européens, mondiaux et le cyber espace. D’un côté, il s’agit de faire prévaloir en Europe, les valeurs européennes, mais aussi le respect de ses coutumes, cultures et traditions, face à un prosélytisme islamiste qui voit l’Europe comme une terre de conquête pour s’attirer de nouvelles loyautés dans les populations au moyen de la propagande et la violence. L’immigration de masse vers l’Europe en provenance des pays à risques augmente mécaniquement les risques et constitue une bombe à retardement géopolitique au sein des sociétés face au prosélytisme islamiste
Ce conflit dans sa dimension civilisationelle est bien plus difficile à gagner, car la marge de manœuvre des Européens est réduite par la vision très idéologique des droits de l’homme et de la protection des minorités qui s’est imposée dans le projet européen, notamment avec la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, qui interprète la Convention européenne des droit de l’homme.
Marc Bossuyt, professeur émérite à l’Université d’Anvers et ancien président de la Cour constitutionnelle de Belgique, a ainsi critiqué les arrêts de la cour européenne des droits de l’homme dans le domaine de l’immigration et des extraditions, y compris lorsque des personnes suspectées de terrorisme sont en cause, car elles favorisent dans certains cas le respect des droits fondamentaux au détriment de la sécurité nationale. Les failles juridiques sont instrumentalisées par les islamistes et leurs soutiens
Pour gagner le volet civilisationel de cette guerre, les Etats européens devront agir avec plus de fermeté et exiger une réforme de la Convention européenne des droits de l’Homme qui a été élaborée temps de paix alors que nous visons une situation exceptionnelle. Ce changement de posture exige évidemment au préalable une mutation idéologique et politique au sein des nations afin de s’éloigner du modèle de la société ultralibérale ouverte à tous les flux et contrer l’affaiblissement démographique qui affaiblit la civilisation européenne.