#Benalla: « souci de polémique » de l’Assemblée

La présidente LaRem de la commission des Lois de l’Assemblée a refusé les demandes de nouvelles auditions de l’Elysée présentées par son co-rapporteur Les Républicains dans l’enquête parlementaire sur l’affaire Benalla, motivé selon elle par un souci de polémique plus que de vérité.

“Les auditions menées jusqu’à présent démontrent clairement qu’il existe des dérives individuelles de M. Alexandre Benalla et de certaines autorités de police, des copinages malsains selon les termes-même du préfet de police”, a déclaré Yaël Braun-Pivet.

La présidente LaRem a fait ensuite voter par la commission, sous les huées de l’opposition, une liste limitée de trois nouvelles auditions, comprenant le directeur de l’ordre public et de la circulation (DOPC) Alain Gibelin, dont les déclarations sous serment devant les députés ont par deux fois été “remises en question”, le préfet de police de Paris et le chef de la compagnie CRS 15 “présente place de la Contrescarpe ce jour-là”.

Le Commandant militaire de la présidence de la République a contredit devant l’Assemblée le chef du DOPC en faisant état d’une discussion en avril entre Alexandre Benalla et Alain Gibelin en vue d’organiser sa venue aux opérations du 1er-Mai. Alain Gibelin a par ailleurs déclaré mardi s’être trompé lors de son audition quant à la participation de l’ex-collaborateur à des réunions pendant sa suspension du 4 au 19 mai.

“Les membres LaRem du bureau de la commission des Lois considèrent que ces déclarations semblent contradictoires et rendent nécessaire une nouvelle audition de M. Gibelin”, a annoncé Yaël Braun-Pivet.

Les membres des cabinets présidentiels et de l’Intérieur ont démontré leur absence de lien avec l’affaire Benalla, a-t-elle estimé, justifiant le refus de LaRem d’auditionner de nouveaux responsables de la présidence et du gouvernement comme le demandait le député d’opposition Guillaume Larrivé.

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“Il est manifeste que l’opposition privilégie une approche politique et polémique qui vise à tirer profit de l’actualité loin de tout souci de la vérité”, a-t-elle dit.

“Il nous apparaît donc inutile d’auditionner d’autres membres des cabinets du président et du ministre de l’Intérieur, dont les auditions que nous avons menées jusqu’à ce jour ont montré qu’ils n’avaient aucun lieu avec cette affaire.”

L’opposition a estimé que Yaël Braun-Pivet avait par cette décision sonné le glas de sa commission.

Face à la présidente, son corapporteur (LR) Guillaume Larrivé a longuement pris la parole pour marteler la nécessité d’autres auditions, et plaider, en vain, pour un report de l’élaboration du calendrier.

“Après seulement deux jours et demi de travail, madame la rapporteure propose d’entraver les travaux de la commission d’enquête en nous proposant en réalité de clore pour l’essentiel le cycle des auditions”, a-t-il déclaré, après avoir dénoncé “une majorité aux ordres de l’Elysée”.

“A ces deux personnalités, il convient d’ajouter bien d’autres personnalités”, a-t-il dit, réclamant entre autres à entendre Alexandre Benalla lui-même, le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler (attendu jeudi matin au Sénat), le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron Patrick Strzoda, auteur mercredi de révélations sur le modalités de suspension de salaire de l’ex-collaborateur.

Il a demandé en outre à auditionner le chef de cabinet François-Xavier Lauch, le porte-parole Bruno Roger-Petit, et encore le réserviste Vincent Crase et le délégué général de LaRem Christophe Castaner.

Guillaume Larrivé a cependant jugé contraire aux prescriptions constitutionnelles l’audition du président lui-même : “C’est une demande que je ne formulerai pas”, a-t-il dit.