Les études menées sur les régions méditerranéennes en France, en Italie, en Espagne ou en Grèce ont montré que les espaces naturels touchés par les incendies ont de fortes capacités de régénération. Ils sont capables de se reconstituer à l’identique si les feux ne sont pas trop fréquents. Le cas échéant, « les feux empêchent les pins de parvenir à maturité sexuelle et les souches des feuillus s’épuisent progressivement, explique encore l’INRA. Les arbres disparaissent et laissent place durablement à une garrigue ou un maquis ».
Depuis des millénaires, la forêt méditerranéenne a appris à vivre avec le feu. Des recherches de l’Inra montrent que les espèces ont chacune développé leur stratégie pour résister aux flammes ou renaître de leurs cendres. De quoi guider les choix des forestiers pour reconstituer une forêt après le passage d’incendies et aménager préventivement le territoire.
La plupart des espèces de feuillus (chênes) se régénèrent en produisant des rejets alors que la plupart des arbres résineux meurent et se régénèrent par graines.
Les pins maritimes et les pins d’Alep par exemple constituent des banques de graines aériennes dans leurs cônes maintenus fermés par la résine. Les graines restent en dormance plusieurs années attendant les conditions favorables à la germination. Le feu, en faisant fondre la résine, permet l’ouverture des écailles du cône et fait tomber les graines sur un sol débarrassé des autres espèces et chauffé par le feu ; ce qui va accélérer la levée des graines. Les pins seront les premiers à recoloniser un territoire. Ces particularités témoignent de leur adaptation évolutive aux feux fréquents. En outre, l’effet débroussailleur du feu les favorise plusieurs années avant la repousse des feuillus. Ces derniers sont facilement tués à cause de leur écorce plus fine et se reconstitueront moins vite. Pour se régénérer après l’incendie, ils produisent des rejets à partir de leur souche restée vivante dans le sol, et parfois le long du tronc. Plus rarement dans le houppier, quand le dommage est modéré. Quand les dommages sont très importants, la régénération s’opère au pied.
La diversité des réponses des espèces à un régime de feu et leur capacités de régénération font dire que les espaces naturels méditerranéens se reconstituent souvent à l’identique après le passage du feu. Mais attention, trop fréquents aux mêmes endroits, les feux empêchent les pins de parvenir à maturité sexuelle et les souches des feuillus s’épuisent progressivement. Les arbres disparaissent et laissent place durablement à une garrigue ou un maquis.