Pour la 708ème fois de l’histoire les Bruxellois vont tenter de devancer les Louvanistes.
Depuis le début du 14ème siècle et suite à une petite querelle entre les villes de Louvain et Bruxelles à propos d’un différent sur la taxation de la bière remportée par les Bruxellois. Ceux-ci ont dès lors reçu le privilège de pouvoir planter un arbre de joie chaque 9 août avant 17 heures : le Meyboom. Les Bruxellois nagent depuis 707 ans dans le bonheur, ils n’ont en effet jamais failli à leur mission. Sinon cette tâche reviendrait aux Louvanistes.
A l’époque les bourgeois de Bruxelles fréquentaient des guinguettes, nommées jadis des «granges» et situées hors des remparts de la Ville, à l’endroit dit ”Marais aux Cygnes‟ (emplacement actuel = rue du Marais). Le Lambic se débitait donc à prix doux dans les Granges du Marais, vu que ces établissements échappaient à toutes taxes communales. Des Louvanistes, en désaccord avec les Bruxellois à propos de la taxe sur la bière, se présentèrent en force dans le quartier une après-midi de 1213 et attaquèrent à l’improviste la grange dénommée ”Het Cattenhuys », où une noce bruxelloise festoyait. Tandis que les convives se retranchaient dans l’établissement où se trouvaient les Compagnons de Saint-Laurent, ces derniers vinrent les premiers au secours des assiégés et furent, dit-on caressés vigoureusement.
En récompense du coup d’éclat, le Duc Jean de Brabant fit octroi à la Guilde de Saint-Laurent d’un statut corporatif. Jean III, de plein accord avec les échevins de Bruxelles, décida de fusionner la guilde du Marais aux Cygnes avec le Serment des Arbalétriers. Les membres de la Guilde de Saint-Laurent entrèrent ainsi de plein droit dans le Serment en qualité de Sociétaires de la Corporation Civile et, à ce titre, eurent le droit de planter un Meyboom.
La date de cet événement historique et folklorique a été fixée comme suit, du fait des compagnons de l’Ordre de Saint-Laurent qui exercèrent pour la première fois ce privilège en 1308, la veille de la fête de leur Saint Patron : le 9 août. Même en période de guerre la tradition a été respectée, même pendant une période de crise dans les années 1830 les Bruxelloises ont portés main forte. Malgré un vol par les Louvanistes en 1939 de l’arbre, les Bruxellois ont pu tenir le défi et garder la tradition sauf.
Comme chaque 9 août l’arbre de joie sera d’abord présenté sur la Grand Place aux autorités de la Ville et le cortège rejoindra les bas-fonds de Bruxelles, au croisement des rues des Sables et du Marais, en vue de sa plantation. Une tradition respectée depuis 708 ans, au grand dam des Louvanistes. Le cortège sera aussi accompagné par une dizaine de Géants ( Jan, Mieke, Bompa, Boma, Rooske…), n’hésitez pas à suivre le joyeux cortège et ainsi redécouvrir une page du folklore Bruxellois.
Olivier Bulto